Du brouillon d'idées au premier flux automatisé : framework simple pour prioriser l’automatisation dans votre PME

Nolann Bougrainville
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Vous dirigez une PME et, entre deux urgences, vous entendez partout parler d’IA générative, d’automatisation, de bots… Mais très concrètement, vous vous demandez surtout : par où commencer dans votre propre entreprise sans vous perdre dans la technique ?

Dans beaucoup de contenus, l’IA est présentée de façon abstraite ou très stratégique. Ici, nous allons faire l’inverse : entrer dans votre quotidien opérationnel. L’objectif de cet article est de vous proposer un cadre très simple, inspiré du Lean management, pour repérer, prioriser et lancer vos premières automatisations dans votre PME, sans jargon et sans projet informatique lourd.

Nous verrons :

  • comment cartographier vos gaspillages de temps en quelques minutes,
  • comment classer vos idées d’automatisation selon un score d’impact / simplicité,
  • à quoi peut ressembler un petit « système automatisé » vu du dirigeant.

L’ambition n’est pas de transformer votre entreprise du jour au lendemain, mais de vous donner une méthode réutilisable pour avancer par petits pas concrets.

1. Comprendre les sources de gaspillage que l’automatisation peut cibler

Avant de parler d’outils ou d’IA, il est utile de voir l’automatisation peut vraiment vous aider. Une bonne référence pour cela vient du Lean management : l’identification des « gaspillages ».

Dans une PME, les plus fréquents sont :

  1. Saisies répétitives

    • ressaisir les mêmes informations dans plusieurs outils (CRM, Excel, logiciel comptable…) ;
    • copier-coller des emails dans un tableau ;
    • réécrire toujours les mêmes réponses.
  2. Attentes et relances manuelles

    • attendre qu’un collègue transmette un fichier ;
    • relancer à la main des clients, des candidats, des fournisseurs ;
    • vérifier régulièrement « où ça en est ».
  3. Transferts d’information mal structurés

    • demandes floues envoyées par email (« Tu peux gérer ça ? » sans contexte) ;
    • absence de modèle pour les comptes-rendus, ce qui oblige à tout relire et reformater ;
    • documents éparpillés qu’il faut sans cesse rechercher.
  4. Contrôles et validations à faible valeur

    • vérifier manuellement des formats de données ;
    • parcourir des listes pour repérer les anomalies évidentes ;
    • relire des documents juste pour s’assurer qu’ils sont complets.

Idée clé : l’IA n’est pas magique. Elle devient utile lorsqu’elle est connectée à un flux de travail clair, avec des informations bien structurées. D’où l’importance de commencer par vos gaspillages.

Mini-exercice : repérer vos 5 plus gros gaspillages

Prenez une feuille (ou ouvrez un document) et listez, en moins de 10 minutes :

  • 5 tâches qui vous agacent le plus par leur côté répétitif ;
  • pour chacune : qui la réalise, combien de fois par semaine, et approximativement combien de temps ça prend.

Vous venez de créer votre premier vivier de cas d’usage d’automatisation.

2. Construire un « radar d’automatisation » : impact x simplicité

Vous avez maintenant des idées de tâches ou de processus à améliorer. Le piège classique est de :

  • se jeter sur le cas le plus visible mais très complexe ;
  • ou au contraire, ne traiter que des micro-tâches sans impact.

Pour éviter cela, nous vous proposons un radar d’automatisation autour de deux axes simples :

  • Impact métier : combien de temps / de stress / de risques cela vous ferait-il gagner ?
  • Simplicité de mise en œuvre : à quel point le processus est-il clair, stable, avec peu d’exceptions ?

Comment noter chaque idée en 5 minutes

Pour chaque tâche ou processus repéré :

  1. Donnez une note d’impact de 1 à 5 :

    • 1 = peu de temps, peu visible, peu stratégique ;
    • 3 = gain notable pour une équipe ;
    • 5 = enjeu direct sur le chiffre d’affaires, la trésorerie ou la satisfaction client.
  2. Donnez une note de simplicité de 1 à 5 :

    • 1 = beaucoup d’exceptions, de cas particuliers, besoin de jugement humain à chaque fois ;
    • 3 = règles globalement claires, quelques cas particuliers ;
    • 5 = règles très simples, peu de variations, données déjà structurées.
  3. Calculez un score de priorité :
    Score = Impact x Simplicité (sur 25)

Les candidats idéaux pour démarrer sont ceux qui ont un score supérieur ou égal à 12, avec simplicité ≥ 3.

Visualiser votre portefeuille de cas d’usage

Vous pouvez représenter vos idées sur un graphique très simple. Voici un exemple de schéma (à adapter avec vos propres scores) :

Rendering diagram...

Dans cet exemple :

  • les relances clients simples et la préparation de réunions sont des bons candidats immédiats ;
  • l’analyse avancée des ventes, très attractive sur le papier, devra attendre que vos données soient mieux structurées.

3. À quoi ressemble concrètement un petit système automatisé ?

Imaginons que vous ayez choisi un cas d’usage simple : par exemple, préparer automatiquement les comptes-rendus de réunion commerciale.

Actuellement, le processus ressemble peut-être à ceci :

  1. chaque commercial prend des notes à sa façon ;
  2. après la réunion, il rédige un email ou met à jour un CRM en retard ;
  3. le directeur commercial n’a jamais une vue homogène des échanges ;
  4. certains suivis clients tombent entre les mailles du filet.

Un premier niveau d’automatisation, sans aucun développement spécifique, peut ressembler à ce schéma :

Rendering diagram...

Concrètement, cela peut s’appuyer sur :

  • un modèle de prise de notes standard (questions pré-définies) ;
  • un assistant IA (type ChatGPT ou autre) paramétré pour produire un compte-rendu structuré ;
  • un outil d’automatisation « no-code » qui envoie le compte-rendu dans le bon dossier ou dans votre CRM et notifie les bonnes personnes.

Important : dans ce système, l’IA ne décide pas à votre place. Elle prépare l’information, que les humains relisent et valident.

4. Méthode pratique : votre premier « sprint d’automatisation » en 15 jours

Passons maintenant à une méthode concrète, réutilisable pour chaque nouveau cas d’usage.

Semaine 1 : cadrer et simplifier le processus

Jour 1-2 : choisir le cas d’usage prioritaire
À partir de votre radar :

  • sélectionnez 1 seul processus à fort score ;
  • vérifiez qu’il est limité (une équipe, un type de client, un seul canal).

Jour 3 : décrire le processus actuel en 6–8 étapes maximum
Sans diagramme compliqué, répondez à ces questions :

  • qui déclenche le processus ?
  • quelles sont les entrées (email, formulaire, appel) ?
  • quelles sont les étapes clés ?
  • quelles sont les sorties attendues (email, facture, document, tâche dans un outil) ?

Jour 4-5 : simplifier avant d’automatiser

  • regroupez les étapes qui se répètent ;
  • écrivez les règles de base : « si A, alors B » ;
  • décidez quelles étapes doivent rester 100 % humaines (par exemple, un appel délicat à un client).

Semaine 2 : prototyper puis tester

Jour 6-8 : construire un prototype très simple

  • utilisez un outil d’automatisation no-code (type Zapier, Make, ou les automatisations natives de vos logiciels) ;
  • paramétrez un flux minimal : déclencheur → 2 ou 3 actions maximum ;
  • si vous ajoutez de l’IA, limitez-vous à un rôle précis :
    par exemple « résumer un email », « structurer des notes », « proposer une première réponse ».

Jour 9-11 : tester sur un petit volume réel

  • choisissez 1 ou 2 personnes pilotes ;
  • testez sur un échantillon réel (10 demandes, 1 semaine de réunions, etc.) ;
  • demandez aux utilisateurs de noter :
    • le temps gagné,
    • les irritants supprimés,
    • les erreurs éventuelles.

Jour 12-15 : ajuster et décider de l’extension

  • corrigez les points de friction identifiés ;
  • documentez le fonctionnement en une page simple (qui fait quoi, avec quel outil) ;
  • décidez de :
    • pérenniser tel quel,
    • ou élargir à une autre équipe / un autre type de client,
    • ou mettre en pause si le gain est insuffisant.

5. Section pratique : checklist pour transformer vos idées en automatisations concrètes

Voici une checklist actionnable que vous pouvez utiliser dès cette semaine.

Étape 1 – Identifier (30 à 60 minutes)

  • [ ] Lister 5 à 10 tâches répétitives qui irritent vos équipes.
  • [ ] Pour chaque tâche, estimer le temps hebdomadaire consommé.
  • [ ] Regrouper les tâches par processus (relances, reporting, préparation de réunions, etc.).

Étape 2 – Prioriser (30 minutes)

  • [ ] Donner une note d’impact (1 à 5) pour chaque processus.
  • [ ] Donner une note de simplicité (1 à 5) pour chaque processus.
  • [ ] Calculer le score Impact x Simplicité et trier les idées.
  • [ ] Choisir un seul processus prioritaire avec un score ≥ 12.

Étape 3 – Préparer (1 à 2 heures)

  • [ ] Décrire le processus actuel en 6–8 étapes maximum.
  • [ ] Identifier les données nécessaires (emails, formulaires, documents).
  • [ ] Décider ce qui doit rester humain (appels, validations sensibles).
  • [ ] Rédiger les règles simples « si… alors… ».

Étape 4 – Prototyper (2 à 4 heures)

  • [ ] Choisir un outil d’automatisation déjà disponible dans votre environnement (ou no-code simple).
  • [ ] Construire un premier flux avec 2–3 actions maximum.
  • [ ] Si besoin, intégrer un assistant IA avec un rôle clair (résumer, structurer, proposer un brouillon).

Étape 5 – Tester et décider (1 à 2 semaines)

  • [ ] Tester sur un petit périmètre avec 1 ou 2 utilisateurs.
  • [ ] Mesurer le temps gagné et le niveau de satisfaction des utilisateurs.
  • [ ] Corriger les points bloquants.
  • [ ] Décider d’étendre, d’ajuster ou d’abandonner.

Conclusion

En résumé :

  • l’IA et l’automatisation deviennent vraiment utiles lorsque vous partez de vos gaspillages réels, pas des promesses technologiques ;
  • un radar simple impact x simplicité suffit pour prioriser sans vous perdre ;
  • un système automatisé efficace est souvent un enchaînement de quelques étapes claires, où l’IA prépare et l’humain décide ;
  • une démarche en « sprints » de 15 jours permet d’avancer sans perturber votre organisation ;
  • la clé est de documenter, tester en petit, et ajuster avec vos équipes.

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